Il y avait longtemps que cela me trottait dans la tête, refaire les 100 km de Millau (2 participations : 2006 et 2007 en 14 h 56') et pour plusieurs raisons je voulais absolument y participer cette année. J'avais donc retenté cette distance au mois de mai à Chavagnes, mais j'avais été contraint d'abandonner au 84ème km en 12 h 36' et depuis je m'étais dis je retente Millau, car les délais éliminatoires sont plus larges. Donc samedi matin en compagnie de mon ami Néness, nous faisions partie des 1500 coureurs sur la ligne de départ à 10 h.
Je savais que la journée, et une bonne partie de la nuit allaient être longues, car l'entraînement me provoque des allergies; bref me voilà parti en faisant abstraction de tout çà. Il fait un soleil radieux et sur la boucle marathon (pour ceux qui connaissent) les paysages sont magnifiques. J'en profite pour filmer. Je suis relativement prudent : passage au 25ème km en 3h 09' 44 '', je me retrouve un peu plus loin en compagnie de Jean-Michel Boiron une figure du 100 km puisqu'il est en train d'effectuer son 363 ème 100 bornes : chapeau le bonhomme il terminera en 14 h 50'.
Pour ma part, je passerai le marathon en 5 h 45' et le corps commence déjà à donner des signes de faiblesses, mais je suis venu ici pour le boucler ce troisième Millau. Alors je ne me pose pas de questions et je continue pour attaquer la montée du viaduc (il fait plus de 20 degrés) et je croise les premiers concurrents qui en terminent déjà. Je bascule dans la descente de St Georges de Luzençon et St Rome de Cernon (ouf, une partie plate) car après il va falloir attaquer la montée de Tiergues que notre ami Jean-Claude (comme tu nous manques) nous le faisait si bien vivre. Mais avant je me fais masser derrière le cou car je ressens un grosse douleur (58ème km) le docteur intervient même, il me manipule et me fait disparaitre cette gène en me pinçant durement : merci au docteur , je suis réconforté pour attaquer cette fameuse montée. La nuit tombe déjà et la fraicheur commence à se faire sentir avant de rallier St Affrique ou j'ai prévu des vêtements chauds pour le retour sur Millau.
Me voici donc à St Affrique au 71 ème km en 10 h 58 ' 56 '', je suis en 1129 ème position au pointage. Je prend le temps de me changer dans la salle en discutant avec un autre coureur. Il y a même des concurrents qui s'allongent et dorment tellement la fatigue est présente. Je pense que ceux-là ne repartiront pas. Moi je m'interdis de le faire; ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque mais je résiste sinon c'est foutu, et pourtant je sais que j'en tiens encore pour 5 ou 6 heures pour atteindre mon objectif. Je repars donc seul dans la nuit pour reprendre le chemin du retour. Voici le 75 ème, je m'arrête au ravito mais même la soupe qui m'est offerte ne passe pas. Je repars, je retrouve la descente de Tiergues (80ème km) et St Rome de Cernon et puis St Georges de Luzencon ou à l'entré du village un panneau m'indique l'heure et la température : 0h35, il fait 10 degrés. Je m'arrête un peu au ravito avant de gravir la dernière montée et apercevoir enfin le viaduc. Ca y est je distingue une lumière rouge en haut d'un hauban, puis 2-3-4-5-6-7 (90 ème km). L'intégralité de cet ouvrage merveilleux s'offre à moi dans toute sa splendeur et au bout de quelques centaines de mètres il se retrouve derrière moi. Je suis heureux et ému jusqu'aux larmes; c'est pratiquement gagné, il me reste plus que 8 km et je savoure un maximum peu m'importe le chrono et je franchirai donc la ligne après mon entrée dans le Parc de la Victoire (il porte bien son nom ) en 16 h 53' 34 '' à la 1074 ème place. Coup de chapeau à mon ami Néness qui lui est arrivé en 14 H 41' 40 ''.